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Exoudun ton pays fout le camp ! (1993)

 

 Des haies arrachées, des murets de pierres détruits : petit à petit, Exoudun perd ce qui fait son charme.
Près du tumulus de Bougon, le futur Musée s’installe dans le paysage. Dés l’été prochain, on attend de nouveaux touristes. Ils se contenteront pas de visiter le musée ni d’aller voir les tumulus. Bon nombre d’entre eux apprécieront la découverte du pays environnant. Un pays unique par ses coteaux qui dominent la vallée de la Sèvre et de ses affluents. Avec ses parcelles délimitées par des murets en pierre, témoignages d’un passé pas si lointain. Depuis plusieurs années déjà, les premières haies ont été arasées. Pour permettre aux agriculteurs d’exploiter des champs accessibles aux machines.
Aujourd’hui, un remembrement est lancé. Sur la commune de Bougon, tout d’abord, où il a déjà suscité une polémique entre Ségolène Royal, ministre de l’environnement et conseiller général du canton de la Mothe et André Dulait, président de l’assemblée départementale. Pour une histoire de deux arbres et une haie arrachés.
Sur la commune d’Exoudun toute proche, ensuite, où l’on a quelque peu anticipé sur l’arrêté préfectoral de décembre dernier. Un arrêté qui lance la procédure de remembrement et par le fait même interdit de faire disparaître les haies et les arbres. Dans l’attente de la conclusion de l’enquête. Ce n’est qu’à la fin de celle-ci que les propriétaires entreront en possession de leurs biens.
Certains agriculteurs n’ont pas attendu. Entre des parcelles attenantes, sur la route qui mène d’Exoudun au hameau de « Souil », une haie a déjà été rasée. Une autre pourrait suivre de manière à constituer une parcelle d’une bonne dizaine d’hectares. Un chemin communal longe cette parcelle.
L’association pour la sauvegarde de la nature et de l’environnement s’émeut de cet arrachage de haie. Et craint que le chemin communal dit de la « Terrière » ou de « pied des vignes » , ne subisse le même sort.
Cette même association a pu constater que des pierres provenant des murets ont été jetées dans un vallon, le vallon du « Vaux Verdon », qui se trouve hors remembrement. Mais qui pourrait constituer un lieu de déversement des pierres pourtant travaillées par nos aïeux. Du même coup, ces pierres avec de la terre viennent peu à peu recouvrir un bosquet.
Bien qu’acceptée dans une sous commission du remembrement –es-qualité – la présidente de l’association s’émeut toujours d’être informée « au compte goutte » des décisions de la commission locale de remembrement. Elle dit comprendre le souhait des agriculteurs de disposer de parcelles plus vastes mais ni elle ni les adhérents ne peuvent accepter que disparaisse tout un patrimoine que le conseil général et le ministère de l’environnement reconnaissent comme unique.
Madame Royal n’a-t-elle pas décidé d’octroyer une subvention de 150.000f aux murets de « son » canton au titre de la protection des paysages ?

Jean Jacques
Boissonneau




Article relevé dans la nouvelle République du 29 janvier 1993.



04/09/2012
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