Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

La bélandière, la rue de Madame et le pont d'Estrée (Chatellerault 1503)

 

« Anne de France, duchesse de bourbonnais, fille du roy Louis XI,fit le retrait de la Vicomté de Châtellerault au moyen duquel elle se trouva Vicomtesse de Châtellerault (1503) 

Par contrat de mariage, le 26 février 1504, elle donna la Vicomté à sa fille unique Suzanne qu’elle maria à Charles de Bourbon, Comte de Montpensier, son cousin, mais en se réservant l’usufruit pour affection particulière qu’elle avait pour Châtellerault.

La Berlandière

Le 8 novembre 1505, elle échangea avec les sieurs du chapitre de Notre Dame de la ville la maison de la Berlandière  que leur avait donnée en 1481 M. le Vicomte  Charlesd’Anjou, roi de Sicile, contre trente septiers de froment de rente à prendre sur le revenu du Vicomte de Châtellerault.

Le domaine de la Berlandière était situé à l’entrée de la forêt, rive droite de l’Envigne, c’était le château de plaisance des seigneurs de Châtellerault.

Anne de France, Dame de Beaujeu se plaisait si bien à Châtellerault et au petit château de la Berlandière qu’elle fit l’acquisition du « chemin de Madame » qu’elle créa pour sa commodité.

Roffay des Pallus raconte au sujet du « Chemin de Madame », fait qui quoique étranger à l’histoire de Châtellerault put être rapporté comme regardant une de ses Vicomtesses, dont la mémoire est d’autant plus respectable aux  châtelleraudois que cette princesse honora leur ville de sa présence pendant plusieurs années ou plutôt sa maison de la Berlandière qui était située dans les portes de la ville à l’entrée de la forêt ou on la voit encore et si près de la ville que cette princesse allait tous les jours à pied de sa dite maison à l’église Notre Dame et pour sa commodité elle fit faire un chemin derrière le faubourg de Chateauneuf qui s’appelle encore actuellement le chemin de Madame.

Dans un terrain qu’elle acheta à différents particuliers et pour dédommager le curé de Saint Jean l’évangéliste de Châteauneuf qui dixmoit sur ce terrain, elle lui donna une rente de 8 boisseaux de froment.

Il est fait mention d’un contrat daté du 15 avril 1520 par lequel Catherine Roulette agissant en son nom et en tant que tutrice de ses enfants, cède à Mme Anne de France une allée de douze pieds de large dans deux jardins qu’elle possédait au faubourg châteauneuf, « Afin de servir à partie du chemin que la dite dame prétendait faire pour aller du grand pont de la Garenne Chateauneuf ».

Le 8 mai suivant, Anne faisait l’acquisition d’une autre allée de douze pieds de large au travers d’une pièce de terre et d’un petit jardin qui appartenait à Jean Chevalier et à Denis de la Fons.

Même acquisitions encore le 28 mai, le 24 juillet 1520 et le 7 février 1521.

Non seulement Anne de France fit de nombreux achats, bois, métairies, champs, maison, etc.…, au profit de la vicomté, mais elle fit également des libéralités, témoin la suivante :

Un don de 200 livres de rente à Mlle Hillaire de Marconnay en récompense de ses bons services et pour la couvrir de cette somme, elle lui a abandonné la jouissance des métairies, maisons et dépendances de la Berlandière, Nones, les Roches et les moulins d’Estrées, ce qui représentait 150 livres. Les 50 autres livres devaient être prises chaque année sur le prix de vente des meules de la forêt de Molière, 25 septembre 1514.

Une fraction du chemin de Madame existe encore et porte le nom de rue Madame, j’avais proposé de l’appeler « rue de Madame Anne de France »

La Berlandière était l’habitation d’été d’Anne de France et le château de Châtellerault celle d’hiver.

Du château de la Berlandière, Anne de France se rendait au passage d’Estrées et de la elle s’en allait en ligne droite à l’ancien pont de Châtellerault qui se trouvait construit à 15 mètres environ en aval du pont Henri IV et dont les piles sont apparentes lors des basses eaux en été.

Il aboutissait en oblique à la rue des moulins.

Anne de France venant de la Berlandière, après avoir parcouru ce chemin allait au château (actuellement en la pension de famille tenue par Mlle Crochet), et par la terrasse du château qui dominait la rivière, elle se rendait place Notre Dame. La terrasse allait jusqu’à la rue Roffay des Pallus (anciennement rue des bains) un arceau qui passait au-dessus de la rue la faisant communiquer avec la place Notre Dame.

L’allée de Madame, comme elle fut appelée au début, commençait au pont d’Estrées qui s’appelait déjà passage d’Estrées.

L’imagination d’un de nos concitoyens, décédé depuis longtemps a pu faire croire que cette appellation était due au séjour que Gabrielle d’Estrées, favorite d’Henri IV, aurait fait au château de la Berlandière.

Il n’en est rien pour de multiples raisons ; Gabrielle d’Estrées n’a pas habité la Berlandière. Ce n’est pas à elle que le pont d’Estrées doit son nom.

Puisque 68 ans avant sa naissance, qui eut lieu en 1575 au château de Bourdarsière, le pont d’Estrées portait déjà ce nom ainsi que les moulins.



Le président du syndicat d’initiative "

 

Cette article est extrait d’un journal de 1936 « L’avenir de la Vienne et de l’ouest.



28/08/2012
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