Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Le fantôme du roi bouge encore (Sainte-Anne, 1993)

 

Cérémonie insolite hier dans une chapelle privée de Sainte Eanne. Qui sont ces défenseurs de Louis XVI qui veulent « rendre la France à Dieu » ?

Le rendez-vous était fixé à 10h30. Le lieu : une chapelle privée du XIIe siècle dans la campagne Saint Maixentaise, sur la commune de Sainte Eanne. Les voitures arrivent les unes après les autres dans le matin gris et pluvieux. Au carrefour avec la départementale qui mène à la Mothe SaintHéray, un panonceau fléché indique la direction à prendre : « messe pour Louis XVI». L’initiative de l’écrivain Jean Raspail pour commémorer la mort de Louis XVI au plan national n’a pas tardé de trouver ses relais en Deux-Sèvres. Hier, une messe était célébrée à Sainte Eanne. Mardi, une autre le sera dans la chapelle du presbytère de l’église Saint Laurent à Parthenay.
10h20, hier matin, un jeune homme au crâne rasé est posté à l’entrée de la chapelle pour distribuer les chants de la messe. Au premier rang, côte à côte dans la nef, sont déjà installés M.
de Langavant, propriétaire de la chapelle Jacques Fouchier, ex-secrétaire d’Etat à l’agriculture et le général Clarke de Dromantin. Plus tard, ce sera Jean Romée Charbonneau, le patron du Front National en Deux Sèvres, qui se glissera dans l’assistance. Au total une soixantaine de personnes. L’édifice est plein.
Loden et cheveux gras. Qui sont-ils, ceux qui ont fait le déplacement pour assister à cette peu banale cérémonie ? Le prêtre, plus de 80 ans, venu de Poitiers, est sorti de sa maison de retraite tout exprès pour l’évènement. Il aime autant que son nom ne soit pas rendu public. Il parle de « rendre la France à Dieu ».
Les jeunes gens ont le cheveu ultra-court et le loden semble être l’uniforme de rigueur. On les croirait sortis de pied en cap des pages du « figaro magazine ». La trilogie pour laquelle ils sont venus prier : «
Louis XVI roi martyr, la patrie, nos familles ». Toute ressemblance avec une certaine idéologie serait bien sûr le fruit du plus grand hasard.  « Nous ne poursuivons pas de but politique. Nous poursuivons un but de prière pour l’âme de Louis XVI et la réconciliation des français. Il n’y a pas d’autre commentaire à faire « nous répondait la veille Jacques Brillaud, qui organise la messe de mardi à Parthenay. Une messe que célébrera un ancien archiprêtre.
Le général Clarke
de Dromantin, qui habite Exireuil, rentre à Paris. Il a fait le voyage pour rejoindre les cinq mille personnes présentes place de la concorde pour le bicentenaire de la mort du roi. « Les gens qui sont venus ce matin à Sainte Eanne sont loin d’être tous royalistes » assure-t-il, affirmant qu’ont peut très bien avoir répondu à l’appel et être en paix avec la République. « Nous sommes simplement là pour dire qu’il existe une continuité dans l’histoire de France depuis Clovis jusqu’à aujourd’hui et pour longtemps encore. » Mais lui-même, à la question de savoir s’il est républicain ou monarchiste, refuse de répondre. Et s’ensuive d’un sourire : « Sinon, vous l’écririez dans votre journal. »

 

               Y.Revert.

 

Article relevé dans la Nouvelle République du 25.janvier 1993.

 



04/01/2013
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