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Le paradis perdu de l’Eden (Niort,2000)

 

L’Eden sera mis en vente le 30 novembre et ne devrait plus jamais servir de salle de projection. Triste fin pour un cinéma qui a toujours su faire aimer le 7e art.

La façade du 8, rue de la comédie porte la marque des années. Chaque pierre du mur évoque une période, une innovation technique, presque la sortie d’un film. Ce bâtiment est un monument de l’histoire locale. Combien de générations ont fait la queue devant les guichets depuis1921, date de l’inauguration du cinéma Familia, premier nom des lieux ?
Troisième salle de projection de
Niort, après le cinéma Pathé, fermé en 1922, et l’Olympia, les différents propriétaires se sont appliqués à installer l’Eden dans l’ère moderne. En 1925, un festival de films français voit le jour. En 1929, Henri Senné, fils du propriétaire, procède à une profonde rénovation. Nouveaux fauteuils, nouveaux radiateurs, mais aussi avant-première de « la chanson de Paris », avec Maurice Chevalier, première projection parlante dans le département. La nouveauté fait sensation. C’est en 1935 que le cinéma, encore rénové, prend son nom actuel. Pendant la guerre, la famille devra mener sa propre bataille. Le cinéma disparaît dans un terrible incendie. Il faudra plus de trois ans pour reconstruire les lieux.
Paul-Henry
Bedin prend possession du cinéma en 1972. C’est à cet homme que Niort doit son premier complexe. L’établissement, depuis sa création, n’avait toujours compté qu’une salle. M. Bedin en fait construire trois supplémentaire et offre ainsi aux niortais le choix de leur film. C’est a lui aussi que l’on doit le son en Dolby stéréo. « Le complexe a amené un monde fou, se souvient Paul-Henry Bedin. Le samedi soir, il y avait une queue incroyable. » L’Eden bénéficie de la programmation de la Gaumont, et projette ainsi tous les films à succès. « Mais nous avions également le label art et essai, nous permettant ainsi de proposer des films plus originaux. » C’est peut-être l’une des clés du succès.
«
L’Eden avait une clientèle haut de gamme ». Paul-Henry Bedin est un peu nostalgique. Lorsqu’il cède le fond de commerce, en 1988, le repreneur n’a pas, d’après lui, fait ce qu’il fallait pour assurer la continuité de ce cinéma mythique.
Jeudi prochain, l’Eden sera vendu au plus offrant. Sa mise à prix est de 300.000f D’après les huissiers, « on ne peut rien faire de ce bâtiment.
Le paradis est définitivement perdu.

Sophie-Alice Lansalot.

 

 

Article relevé dans la Nouvelle République du 28 novembre 2000



12/10/2012
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