Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Sur les routes du Bagne (Ile de Ré)

 

De 1852 à 1838,-date officielle de la suppression du bagne - Saint Martin de Ré a vu embarquer des dizaines de milliers de condamnés, pour le bagne de Guyane. Une exposition du musée Ernest-Cognac rappelle l’horreur de ce système pénitentiaire révolu.

Pour remplacer les galères dissoutes par Louis XIV en 1748, on construisit les bagnes (de l’italien bagnos désignant des prisons d’esclaves équipées de bains indispensables à l’hygiène). Le premier bagne français fut créé à Toulon, mais, à partir de 1854, la loi dite de la transportation institua le transfert, vers les colonies, des condamnés au travail forcé. Avec les décrets de Napoléon III, la Guyane anticipa dés 1852.

Colonie pénitentiaire, la Guyane -territoire français d’Amérique du sud - tenait sa triste réputation depuis 1791, en récupérant les « ennemis de la République » et les prêtres réfractaires jusqu’à la signature du concordat, en 1801.

A partir de 1873, le pénitencier de Saint Martin de Ré succéda à Toulon pour concentrer les bagnards avant le départ vers la Guyane ou la Nouvelle Calédonie (où les transports cessèrent en 1887).

L’exposition du musée Ernest-Cognac à Saint Martin, raconte cette terrible histoire avec des textes, des photos, des archives souvent inédites, des objets et des œuvres d’art crées par des bagnards. Les plus célèbres s’appelaient Dreyfus, Seznec, Louise Michel, Papillon…

Les reportages d’Albert Londres.

Pour arriver à la citadelle Vauban, les candidats au grand voyage transitaient en gare de la Rochelle et s’entassaient dans la prison rue du palais, avant d’être embarqués. Les bateaux de la Compagnie Rhétaise, après une escale à la Flotte, accostaient à Saint Martin une heure et demie après.

A partir de 1933, le regroupement des condamnés se fait à Usseau, hameau à 2 kilomètres de la Rochelle, où convergeaient 390 détenus des maisons centrale de France amenés en voitures cellulaires.

A Saint Martin, le condamné perdait son identité avec un numéro tatoué sur le bras gauche. Trois semaines avant d’embarquer, la nourriture s’améliorait et le travail cessait pour résister aux trois semaines de traversée .

Quelques vieux Martinais se souviennent encore du bruit des galoches de bois qui résonnaient en passant le pont levis de la citadelle, et d’adieux déchirants de mères ou d’épouses venues pour tenter d’embrasser une dernière fois l’être cher.

De 1918 à la fermeture du bagne de Guyane, le vapeur « le Martinière », spécialement aménagé pour 670 hommes, transportera au total 7.000 condamnés. Les « récalcitrants » étaient placés dans les « cellules chaudes », au-dessus des chaudières !

Grâce au reportages du journaliste Albert Londres dans les année 20, l’opinion découvre l’horreur du bagne, mais le gouvernement attendra juin 1938 pour le supprimer. Au total, Saint Martin a vu passer 53.000 bagnards et 20.000 relégués (forçats à vie).

Après la fin du bagne et l’occupation, ce fut le temps des prisonniers politiques du FLN et de l’OAS, avant de devenir maison centrale en 1970.

 

Thierry Noël.

 

 

 

Article relevé dans la Nouvelle République du 26.Août 1998.

 



04/01/2013
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