Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Célestes aventuriers en Poitou (Thouars)

 

Un ballon qui s’envole le 6 octobre 1901 de la place Saint-Médard à Thouars, des escadrilles et un dirigeable en 1912 ,le manche à balai accessible aux fils de prolétaires en 1936, le premier parachutiste en aout 1938…Le ciel thouarsais a compté dans la naissance et le développement de l’aviation en Poitou-Charentes (avant la dernière guerre), beaucoup plus en tout cas que celui des villes voisines, Parthenay ou Bressuire.

En collaboration avec Yvette Renaud, Camille Lepouchard vient de publier une histoire passionnante et pittoresque des débuts de l’aviation dans la région. Camille Lépouchard a enseigné l’anglais à Thouars (au château). Il a été pilote ici même de 1954 à 1963, puis à Poitiers 1964 à 1989. Il connaît donc parfaitement le sujet qu’il aborde. Responsable pendant de longues années du bulletin de l’aéroclub du Poitou, il a eu l’occasion de réunir une importante documentation. Plus de deux ans de travail ont été nécessaires avant de mettre le point final à l’ouvrage sorti récemment des presses.

 

Joffre félicite les aviateurs :

En 1912, lors des grandes manœuvres militaires qui agitent le Poitou, les stratèges inventent le concept de l’escadrille, c’est en tout cas l’avis d’un historien spécialisé, René Chambre. Elles hantent le ciel de Thouars le 14 septembre où elles suscitent un grand intérêt. Le général Marion qui commande les troupes opposées aux unités du général Galliéni, implante son poste de commandement à Argenton-Château. Sous son autorité, Voultegon devient un centre aéronautique important en accueillant pour la durée de l’opération le dirigeable « Du puy de Dôme » pour lequel une importante infrastructure est installée. Joffre déclare en conclusion que ces aviateurs et aérostiers peuvent finalement offrir de « très précieux services à l’armée ». Tout en conservant une vraie passion pour les plus lourds que l’air, le thouarsais laisse passer les décennies sans jouer ensuite de rôle fondamental, mis de nouveau il se distingue en 1936. Le front Populaire veut que les fils d’ouvriers puissent gouter aux joies célestes.

Né un 1er mai.

Alors que Paris lance le principe de l’aviation populaire en juillet de cette année, ici un club est créé en aout. C’est une coïncidence mais elle fait bien les choses et ces avec bonheur que deux ans plus tard la section de l’aviation populaire est localement née, le 1er mai, jour de la fête du Travail. Entre-temps le site idéal pour un aérodrome est trouvé le long de la route de Poitiers.

Le gouvernement envoie d’abord un avion Caudron pour servir d’appareil-école, les moniteurs s’appellent Roy, Guédon, Marchessault et Ollivaux. Bien vite Wanwimerch, Burban, Saillard, Frogier, Bois, Morton, Réthoré décroche leur brevet. La totale réussite de l’aviation populaire fait la fierté des thouarsais, et sert d’exemple dans la région.

Le livre de Camille Lépouchard évoque en détails tous ces épisodes, et bien d’autres de Montgyon au sud de la Charente-Maritime à Challans en Vendée en passant par Montmorillon. Il est nourri de la folie réjouissante des pionniers que seule la ruine pouvait arrêter…et encore.

 

 Article relevé dans la Nouvelle République du 29 Décembre 1998.



22/08/2012
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