Mursay en état d’urgence (Echiré 2000)
La tempête de l’an dernier a précipité l’agonie du château de Mme de Maintenon. Les tentatives de sauvetage sont bloquées.
L’allée du roi. Françoise Chandernagor en a fait le titre de son roman sur Mme de Maintenon, dernière épouse de Louis XIV. Cette allée existe, on peut la voir à Mursay, sur la commune d’Echiré. Des Tilleuls trois fois centenaires la bordent, l’endroit porte aussi le souvenir d’Agrippa d’Aubigné, père de la marquise : le poète compagnon de Henri IV, y écrivit « Les aventures du baron de Faeeneste » et la première partie des « tragiques ».
A quelques mètres de l’allée si célèbre, on voit aujourd’hui le jour à travers l’une des tours, trouée comme un vieux drap plein d’accrocs. Des peupliers gigantesques, couchés par-dessus les douves dans un enchevêtrement de racines, reposent de tout leur poids sur les murs du château. Des arbres culbutés comme dans un jeu de quilles. A cet endroit, sur les photos d’autrefois, l’on distingue d’anciens vergers, depuis remplacés par des peupliers qui n’ont pas tenu le choc de décembre 1999 : la tempête a précipité l’agonie de la demeure où Mme de Maintenon passa son enfance. Rien n’a été entrepris en dix mois pour dégager les troncs.
Du coup, l’association pour la sauvegarde du château, née il y a un peu plu d’un an, s’angoisse. La tentative de sauvetage qu’elle a entreprise parait bloquée. A l’abandon sur son île, le château est un monument classé, mais il est propriété privée. L’an dernier, la conservation régionale des monuments historiques avait laissé planer la possibilité de recourir à l’arme suprême dont dispose l’état : contraindre un propriétaire à faire des travaux, l’Etat assurant 50% de l’investissement. Pour se soustraire à l’obligation de payer l’autre 50%, un propriétaire peut alors faire don de son château à la puissance publique.
« Depuis notre dernier contact l’an dernier, nous avons envoyé au conservateur régional un courrier en mars, puis un autre en juin. Sans réponse. Nous n’avons pas pu le joindre au téléphone », regrette Virginie Marchal.
L’état n’est jamais très pressé de se retrouver avec sur les bras un château qu’il va falloir entretenir. Il cherche le plus souvent, dans ce genre de dossier, une collectivité locale qui prenne le relais. Ce pourrait être la communauté d’agglomération de Niort. Mais celle-ci attend apparemment que l’état se jette à l’eau. Seul l’état a le pouvoir de forcer la main d’un propriétaire privé. En attendant, Mursay n’en finit pas de se délabrer.
L’association compte aujourd’hui 330 adhérents. Des gens de la France entière, des profs d’histoire, des personnes émues à l’idée qu’on laisse se perdre un tel lieu. Comme le conservateur du musée de Saint Cyr l’école, autre endroit marqué par la marquise, qui y fonda une célèbre maison d’éducation pour jeunes filles nobles désargentées. Le « vedettariat » de Mme de Maintenon n’a pas suffi jusqu'à maintenant à protéger Mursay. Les Deux Sèvres ne sont pourtant pas si riches en personnages célèbres.
Yves Revert.
Article relevé dans la Nouvelle République du 27 septembre 2000
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