Terre gâtée, mais terre flattée ( Parthenay, 1996)
Mémoire de gâtine:
De tout temps notre verdoyante région a été une source d’inspiration pour les chroniqueurs et autres écrivains. Pourtant, les avis sont parfois partagés et pas toujours objectifs…
Aimery Picaud, moine de Parthenay-le-vieux, est peut-être le précurseur de tous ces auteurs qui ont rivalisé d’originalité pour faire l’éloge de la gâtine. Probable rédacteur du « Guide du pèlerin deSaint Jacques de Compostelle » vers 1139, il décrits les grands chemins qui y mènent et les régions traversées. S’est-il, peut-être, en partie inspiré des gâtinaux lorsqu’il note que le « pays poitevin (est) fertile, excellent et plein de toutes félicités et que (…) les poitevins sont des gens vigoureux et de bon guerriers… ? La gâtine a pu inspirer aussi Couldrette 250 ans plus tard. Chapelain de Guillaume VII Larchevêque, il compose un récit de plus de 7.000 vers sur son protecteur:
Il y fait apparaître sa bravoure, l’importance de sa seigneur rie et sa pseudo-ancêtre Mélusine. D’ailleurs grande bâtisseuse en gâtine. Jacques du Fouilloux (1519-1580) rend à sa manière un hommage bucolique et animalier à sa région, dans on traité sur la vénerie en 1561, dans lequel il précise: « Chère gastine, avant la mort me donne le coup du dart, qu’ingrat je t’abandonne… »
Les historiens et chroniqueurs plus contemporains ne sont pas en reste. Ainsi, le parthenaisien Bélisaire Ledain (1832-1897) édite une « histoire de la ville de Parthenay » (1858) avant son œuvre majeure. « La Gâtine historique et monumentale » (1876), où l’on découvre que « cette contrée(…) offre encore à l’œil du voyageur et de l’artiste l’aspect le plus pittoresque et la nature en certains lieux s’y revêt de beautés inattendues ».
Dans « Mon village », paru en 1944, Roger Tabault (1848-1914) dépeint Mazière en Gâtine et ses évolutions enjolivant parfois les choses: « En 1850, la commune (…) était couverte de forêts. En 1880, on y construit une ligne de chemin de fer. En 1990, tout le monde ou à peu près savait lire et écrire. »
Sourds et Epileptiques:
Dupin, préfet des Deux Sèvres de 1800 à 1813 est lui beaucoup moins tendre. Signant de nombreux rapports, il note en 1806, que (les hommes) « les plus rabougris sont ceux des cantons de Ménigoute, Mazières et Parthenay. Cette contrée ainsi que toute la Gâtine présente un nombre prodigieux de jambes ulcérées, de sourds et d ‘épileptiques. »
Et les poètes de la plume ou de l’image ? Chez les premiers, Ernest Pérochon rappelle dans « Les creux de maisons » que « le vent bleu frisait les futaies, de vieux arbres s’exaltaient dans les haies tapageuses; l’horizon était plein de cimes excessives. Le bocage était comme une immense forêt. » Paul Gellé, retiré à Parthenay en 1848, aura tout le loisir de peindre et de dépeindre les artisans et les paysans au travail. Eugène Cordier (1862-1927), lui, fixera la Gâtine sur la pellicule. N’oublions pas enfin les livres de souvenirs de Robert Bigot (1902-1959) - »Le cœur et la barre » - ou encore de l’historien Georges Picard (1892-1966) - « L’âme de la Gâtine », paru en 1931.
Article relevé dans la Nouvelle République du 9 Décembre 1996.
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