Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Un certain 21 juin 1944 – Delbo-Phénix (Niort,1944)

 

Il y aura 60 ans samedi, l’épisode le plus rocambolesque d’une tragique histoire mettait un couple de petits commerçants au cœur d’une chaîne de solidarité héroïque. Un devoir de mémoire.
L’histoire que nous allons vous raconter à partir d’aujourd’hui, et pendant quatre jours est sans doute la plus romanesque et aussi la plus tragique de toutes celles que les
Deux Sèvres ont vécues durant la Seconde guerre mondiale. Un scénario digne des fictions les plus palpitantes que le cinéma a consacrées à la résistance ! Le prétexte à notre récit est un anniversaire. Le 21 février 1944 –il y aura exactement soixante ans samedi- Marcel et Jeannette Gibault, un couple de commerçants niortais peu disposés au rôle de héros, ont vécu, à deux pas de notre journal, rue des cordeliers, l’événement qui allait décider de leur destin. Le point de départ d’un sinistre voyage sans retour pour eux-mêmes et nombre de leurs amis. Cet événement ne fera l’objet, ce samedi, d’aucune commémoration particulière. C’est pourquoi Jean-Marie Pouplain, historien niortais que l’on sait très attaché à cette période noire, a attiré notre attention sur cette histoire qui, en fait, a commencé deux ans plus tôt, en 1942.

 

Le profil idéal.
Les
Gibault tiennent alors un commerce à Niort, aux 6 rues de la rue des Cordeliers, à la place de l’actuelle pantashop. Marcel, robuste Français moyen, un père tranquille, bon vivant, comme en atteste son visage épanoui, tient avec sa femme, Jeannette un magasin de postes TSF, comme on disait alors, et de photographie. Comme d’autres, Marcelle rejette le gouvernement de Vichy et est ulcéré par la présence allemande. D’autant que celle-ci est assidue dans sa boutique ! Nombre de militaires profitent de leur repos pour venir faire développer leurs films par Marcel.

 

Le profil idéal pour renseigner la Résistance
C’est ainsi que dès 1942 Marcel devient personne ressource du réseau
Delbo, un réseau belge de renseignements dont le Q.G est installé à Paris. C’est Louis Michaud, dit « p’tit Louis », chef du parc autos des ponts et chaussées, qui est l’agent numéro un du réseau dans les Deux-Sèvres et a recruté Marcel.
Delbo-Phénix s’installe à Niort.


En 1943, le Q.G parisien de
Delbo est investi par les hommes de la Gestapo et ses principauxcadres sont arrêtés. Mais très vite, un autre chef, le belge Jean Depraeterre est parachuté de Londres et va faire renaître le réseau de ses cendres sous le nom, tout trouvé de… Delbo-Phénix. Son nouveau Q.G sera basé à Niort et "P’tit Louis", un agent solide et d’expérience, deviendra le bras droit de Depraeterre. Le travail du réseau consiste à récupérer des renseignements acheminés chaque semaine en train par des agents de liaison. Codées à Niort, ces informations de première importance sont envoyées à Londres par un radio anglais, Albert Llyods, veut s’installer à Niort en même temps que Jean Depraeterre.
Le 23 juillet 1943, Jean
Hoyoux, dit "Jeannot", un autre radio dépendant du réseau belge Zéro-France, est parachuté à Assais-les-jumeaux près de Thénezay. Il faut bien vite le cacher et c’est à Marcel et Jeannette Gibault que l’on confie cette mission à haut risque Jean Hoyoux est chargé de détecter, de coder et de transmettre toutes les informations relatives aux implantations dans le nord de la France des V.1 et V.2, les missiles allemands de l’époque, qui faisaient de terribles ravages sur Londres. Cette première grande mission de confiance va mettre Marcel et Jeannette et une vingtaine de leurs amis sur les rails implacables de la mort.

F.Bonnet

 

Article relevé dans la Nouvelle République du 18 février 2004.



19/08/2012
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