Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Fleuron de la renaissance, le château de Dampierre sur Boutonne situé à quelques kilomètres seulement de Chizé a été ravagé par un incendie, hier matin, à 6h30. Les dégâts sont considérables. Pour tous les habitants de Dampierre sur Boutonne, il faisait partie de la famille, un de ces joyaux que l’on préserve jalousement et que l’on montre à ses amis avec une légitime fierté. Depuis, hier matin, 6h30, Dampierre est orphelin. Le château, son château, a été entièrement détruit par un incendie.

Calme plat à 5h45.

Il était un peu plus de 6h45 lorsque la sirène du village a retenti, sortant les villageois de leur sommeil. «J’ai ouvert les volets de ma chambre et là, je vous assure, c’était épouvantable. Je loge dans une maison située juste en face de l’aile sud. Le château était déjà la proie des flammes. Il y avait déjà des gens du pays sur place. Ils essayaient tant bien que mal de sauver ce qui pouvait l’être. Quelques meubles, quelques bibelots. Pas grand-chose en vérité tellement le feu progressait vite» Raconte un voisin.

En fait, la célèbre tapisserie flamande qui est l’un des orgueils du château a pu être sauvée mais pas le salon d’ébène trop lourd à déplacer dans l’urgence.

Tout le monde est unanime: le feu a pris à 6h30. Moins d’une heure plus tôt tout était calme. Les éboueurs qui venaient d’effectuer le ramassage des ordures vers 5h45 en ont témoigné. Moins d’un quart d’heure après l’alerte, les premiers pompiers, ceux d’Aulnay, étaient sur place. Au fil des minutes, ils étaient rejoints par leurs collègues de Saint Jean d’Angely puis de Saintes et de La Rochelle équipés de l’indispensable grande échelle.

La toiture s’effondre:

Au total, une trentaine d’homme ont lutté contre les flammes pendant plusieurs heures. Le feu, selon les premières constatations, aurait pris dans l’aile nord, sous les combles avant de se propager à l’ensemble de l’édifice. Dans l’incapacité de soigner le mal de l’intérieur, les pompiers ont essentiellement attaqué le feu par le haut à l’aide de leur matériel. Sous le regard médusé de la population rassemblée dans la cour, la toiture n’a pas résisté au sinistre et s’est effondrée, engloutissant avec elle des sommes de richesses. Dans l’après-midi, c’est l’une des deux cheminées qui avaient résisté aux flammes qui, à son tour s’est avachie sur les restes du château.

Un périmètre de sécurité a été établi et des projecteurs installés pour établir une réelle surveillance des ruines et éviter toute tentation de pillage.

Personne ne se hasardait hier soir à donner une estimation, fut-elle approximative, du préjudice financier subi par les propriétaires, M. et MmeHédelin. Au-delà de l’aspect matériel des choses, avec la destruction de ce château, Dampierre venait de perdre une grande partie de son âme.

500 ans d’histoire:

On ne le répétera jamais assez: avec la destruction du château de Dampierre c’est un fleuron du patrimoine national qui disparaît. Une première fois détruit en 1465, l’édifice avait été reconstruit pendant trois décennies avant de retrouver toute sa fierté en 1495. Il n’avait jamais connu depuis le moindre avatar. Il était, depuis cent cinquante ans, la propriété de la familleHédelin. Bien évidemment classé monument historique, il attirait chaque année des milliers de visiteurs soucieux de découvrir ce vestige de la Renaissance, son mobilier, la galerie de l’Alchimiste qui renfermait les grimoires du conte de Dampierre. Depuis l’année dernière, un superbe jardin insulaire entrainait le visiteur dans un parcours initiatique construit sur la symbolique des formes et des couleurs.

Article relevé dans la Nouvelle République du 31 aout 2002