Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Dans le sillage du seigneur de ligron (Vrines, 1997)

 

Vaillant seigneur de Ligron (Sainte-Radegonde), Gadifer de la Salle mena la conquête des Canaries en compagnie d’un seigneur normand. Six cent ans après on en reparle.Il y a quelques jours la municipalité de Sainte Radegonde de Pommiers recevait la visite d’un groupe composé de Normands férus d ‘histoire. Ces visiteurs venaient d’un petit village de Haute Normandie, Grainville-la-Teinturière. Ils ont été accueillis par Claude Goulpaud, adjoint au maire, et René Aubry, érudit local. Ces gens venus du littoral étaient à la recherche du sillage laissé en Thouarsais par Gadifer de la Salle, seigneur de Ligron au début du XVe siècle. Sans doute ce Gadifer est-il aujourd’hui bien oublié. Cependant il est à l’origine de l’une des toutes premières expéditions coloniales de notre propre histoire. Il procéda à la conquête des îles Canaries (aujourd’hui espagnoles) dans l’Atlantique au large du Maroc.Cette prodigieuse aventure pour l’époque (1402) marque le départ des grandes découvertes qui changèrent la face du monde.Presque un siècle plus tard d’autres voyageurs nommés Christophe Colomb, Vasco de Gama taillèrent leur route dans le méridiens, allèrent bien au-delà de l’horizon.

 

Les conquérants se disputent

Dans la conquête des Canaries, le Thouarsais Gadifer fut l’adjoint d’un petit Seigneur normand, Jean de Béthencourt. Ce sont les habitants de cette localité du pays de Cau qui cultivent a mémoire et sont venus récemment. Dans leur localité ils ont même aménagé un musée en mémoire de leur héros local. Un dessin de Gadifer parvenu jusqu’à nous montre le bateau sur lequel embarquèrent ces premiers conquistadores. Il est équipé d’un gouvernail à l’arrière, nouveauté technique (toujours usité) qui permettait aux navires de manœuvrer plus aisément.

 

Des habitants armés de pierres et de bâtons

L’expédition d’abord réussie tourna court au bout de quelques années par suite des mésententes entre Gadifer de La Salle et Jean Béthencourt, et de l’âpre défense des habitants pourtant armés seulement de pierres et de bâtons ! De cette épopée Gadifer tira une chronique, mais le neveu de Béthencourt la corrigea pour donner le beau rôle à son parent. Et c’est cette deuxième version qui circula… jusqu’à ce qu’on retrouve par hasard en 1888 le manuscrit originel de Gadifer (aujourd’hui déposé au British Muséum de Londres), manuscrit qui dormit encore quelques décennies avant d’être examiné de près.

Ainsi cinq siècles après, la Normandie et le Thouarsais ont renoué de nouveaux contacts. Rien ne dit qu’ils aboutiront à un éventuel jumelage, le nom n’a même pas été prononcé. Mais il serait pittoresque cinq cent quatre vingt quinze ans plus tard que la brouille entre les deux conquérants soit effacée.





Article relevé dans la Nouvelle République du 12 décembre 1997.



18/08/2012
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