Louis XI, le plus thouarsais des monarques
Thouarsserait la ville des Deux Sèvres qui aurait la mieux connu Louis XI. Cette étonnante révélation nous a été communiqué par Mme Marie-Madeleine Lardit qui, depuis toujours, se passionne pour sa cit. De ses longues recherches effectuées tant à la Bibliothèque Nationale que sur d’anciens personnels, Mme Lardit retrouve ainsi trace de trente quatre lettres, actes ou séjours du grand souverain à Thouars. Une importante correspondance qui prouve l’attachement de Louis XI pour notre pays.
Chinon, cité Jeanne d’Arc,Thouars, cité de Louis XI. Certes, le pas semble vite franchi mais en des jours difficiles ou toute ville, à des fins touristiques, tente de s’approprier, à juste titre, les passages ou faits marquants d’un illustre souverain, Thouars peut sans faiblesse s’enorgueillir d’avoir bien connu Louis XI.
Qu’en était-il donc de ce monarque à qui la Vicomté fut cédée en 1472, sous le règne de la famille d’Amboise? Ajoutons qu’elle devait être restituée à Louis 1er de La Trémoille, devenu vicomte de Thouars par suite de son mariage avec une fille de Louis d’Amboise. Cette importante famille posséda ainsi la vicomté jusqu’à la révolution.
Dans son ouvrage « Les dames du faubourg », Jean Diwo raconte
« Que l’on parlait beaucoup du roi dans les familles. Avec son pourpoint de futains et son vieux bonnet dont on disait qu’il sentait la graisse, il passait, aux yeux de son peuple, pour un « bonhomme ». Il aimait, il est vrai, causer avec ses sujets et profiter des rencontres impromptues pour se rendre compte de la façon dont on appréciait sa politique et constater lui-même que ses ordonnances étaient respectées. Louis XI s’invitait même quelques fois à souper chez les bourgeois. » Plus loin Jean Diwo raconte que « Ces bonnes manières toutes politiques cachaient une insensibilité assez monstrueuse qui devait, il faut en convenir, autant aux mœurs de l’époque qu’à la méchanceté du monarque. La foule se complaisait dans un sadisme ordinaire, assistait volontiers aux exécutions et aux supplices considérés comme spectacles divertissants. »
L’un des premiers grands économistes.
Mais il faut reconnaître chez Louis XI le roi qui avait compris l’un des fondements de l’économie moderne. Prenant acte que la bourgeoise, grande pourvoyeuse d’impôts, était exsangue, il avait résolu de s’enrichir pour mieux la ponctionner en favorisant l’expansion économique. Ce qui lui valut cette triste renommée de roi sadique…
C’est encore à l’astuce de Louis XI que le royaume pu racheter, pour 75000 écus, la renonciation du roi d’Angleterre à la couronne de France en 1475. C’est encore lui, qui réunissant ce que les premiers Valois avaient défait, restaure la puissance royale en Bourgogne, la Picardie, le Boulonnais et l’Artois. Autant de manœuvres politiques qui firent à la fin du XVe siècle l’unification du territoire réalisé.
Les 34 lettres, actes et séjours du roi répertoriés par Mme Lardit sont daté du 16 mars 1465 au 27 novembre 1482. On note en autre, soigneusement énuméré par l’auteur, le 25 septembre 1462 « Plusieurs voyages entre Saumur et Thouars pour le nouveau contrat de donation de la vicomté. » Avant le 22 avril 1470, « Lettres missives pour le permis de fortifier Thiors accordé à Jean d’Appelvoisin le 3 avril 1470, avec l’intention d’y demeurer. »
En avril 1470, Louis XI reçoit le seigneur de Bressuire, Jacques de Beaumont, à Thouars. En septembre de la même année, le roi rencontre à Thouars Pierre de Bretagne, vicomte de Rohan, assisté de Tannequy Duchatel, gouverneur du Roussillon et de Sardaigne, écossais, conseiller et chambellan de Louis XI.
Les maux du roi.
Toujours dans ces écrits, on trouve trace des maladies du roi, à Thouars. 1478,1481, attaque d’apoplexie et artériosclérose cérébrale. Séjour d’un mois à Argenton l’église, chez Philippe de Commynes.Louis XI, dans ses fortes crises aurait eu ces paroles à l’adresse de ses médecins:
« Je say bien qu’un matin vous m’enverrez comme vous faites d’autres, mais pas là… Vous ne vivrez point huit jours après. » Le roi meure en 1483.
C’est aussi à Thouars que le roi se procure quelques ustensiles qui lui sont devenus familiers:
« Thouarsdépenses comptes, gages à ClémentBocheteaula somme de 8 liards pour paiement de trois grosses chesnes de fer garnies de gros anneaux serruriers pour ferrer les détenus prisonniers. »
Louis XI s’arrêtait souvent sur notre ville pour y faire soigner ses chiens par les apothicaires réputés, au retour de ses chasses dans le sud du département, à Parthenay. Des apothicaires renommés dont on trouve également trace grâce à l’armorial général de Poitiers: Joseph Gérard, maître apothicaire ainsi que maître Canolleau et maître Maurice Neveu.
Thouars à la vicomté.
En abordant ce chapitre des armoiries des illustres personnages, il est peut-être bon à souligner que ceux de la ville de Thouars, que l’on peut observer en différents lieux publics, ne concernent pas à proprement parler de la ville, mais de la vicomté de Thouars. Ceux de la ville devraient être les trois grappes de raisin et non pas comme nous l’a confirmé Mme Lardit, le blason d’or semé de fleurs de lys d’azur au franc canton de gueules.
Outre ces lettre « intra murus », une autre serie figure dans la liste de Mme Lardit, sous le titre
« d’extra muros ». Elles sont datées de l’abbaye de la Ferrière à l’orée de la forêt de Brignon, de Curçayprès Dive, de Missé. Ces dernières affranchissent de taille et d’imposition les moulins que Louis de Beaumont, chevalier seigneur de la forêt sur sèvre, a fait édifier à Missé, ainsi qu’un pavillon servant de résidence au roi. Louis XI devait d’ailleurs y séjourner pour chasser. Enfin, d’autres lettres du Puy Notre Dame et de Cersay.
Les bons vins du thouarsais.
Parmi d’autres courriers, retrouvés aux archives nationales, une lettre du parlement de Paris, datée du 12 février 1482, lettre de Louis XI« enjoignant au parlement d’enregistrer sans délai les lettres du don fait par le roi au chapitre du Puy Notre Dame de la traite des vins du thouarsais ».
Voilà ce qui est tout à l’honneur de nos vignerons locaux.
Nous aurions pu, bien entendu, reprendre une à une toutes ces lettres adressées par le roi, de notre ville ou plus simplement concernant notre ville. Ce travail remarquablement exécuté par Mme Lardit nécessiterait quelques colonnes supplémentaires, au risque d’en fatiguer le lecteur.
Le sujet reste cependant tout à fait original, il a d’ailleurs fortement interressé M. Jarry, bibliothécaire à Thouars qui a pris contact avec l’auteur.
Missé, le château, l’hôtel des Trois rois, de nombreux monuments ont accueilli Louis XI et c’est incontestablement le seul souverain à s’être ainsi tant interressé à notre ville. Un argument qui pourrait peut-être servir notre Syndicat d’Initiative.
H.L.
Article relevé dans la Nouvelle République du 3 août 1984.
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