Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

L'erreur est humaine (Parthenay 2004)

 

Mémoire de gâtine.

En général, l’histoire s’appuie sur des faits. Mais il arrive qu’elle doute… Ainsi à Parthenay, dates erronées et pseudo légendes ont la peau dure. Colportées, déformées, elles sèment le trouble dans la tête des historiens…

Le mythe de la fondation fascine toujours autant les historiens… Et Parthenay ne fait pas exception à la règle ! Depuis des décennies, ils essaient de connaître les origines de Parthenay, mais sans toujours se fier à des traces archéologiques irréfutables. Certains historiens en effet ont longtemps considéré qu’un certain « Partenius » avait donné son nom à Parthenay. Il aurait possédé en ces lieux une villa-un vaste domaine gallo-romain. Malheureusement, les fouilles n’ont pour l’instant révélé aucune occupation du site parthenaisien dès cette époque. En outre, même si l’histoire fait mention d’un Partenius, ce n’est que pour la période mérovingienne: il était le petit-fils de l’empereur d’occident Avitus. Donc à priori sans rapport avec la capitale de la Gâtine ! Un vase en verre du XIIe siècle: Même si l’on découvre des objets archéologiques, l’interprétation que l’on en fait peut parfois prêter à confusion. Ainsi, Bélisaire Ledain, l’érudit parthenaisien bien connu, se laisse lui-même piéger. En 1852, d’importants travaux de déblaiement ont lieu autour de Saint Laurent. Il s’agit de creuser les fondations du futur collatéral sud et de percer la rue Saint Vincent de Paul. L’ancien cimetière paroissial se retrouve ainsi totalement bouleversé: sarcophages et couches successives de tombes sont mis au jour. A cette occasion, un superbe vase en verre verdâtre est découvert. Ledain le fait remonter au Vie siècle. Analysé en détail au début des années 1990, il s’est révélé en fait dater du XIIe siècle. Ce qui semble logique, eut égard à la date du cimetière et de l’église. Et puis il y a « LA » fameuse date… Dans de nombreuses études, on considère que la première mention de Parthenay remonte à l’an 848. On fait référence à un texte de Pépin II, roi d’Aquitaine en faveur de l’abbaye de Saint Maixent. Bélisaire Ledain insiste sur cette date en 1858 dans son ouvrage « Histoire de la ville de Parthenay ». Pourtant, il la remet lui-même en cause dans son second livre « La gâtine historique et monumentale », paru en 1897. En fait la lecture de ce manuscrit latin a été très tôt mal interprétée: au lieu de lire « Patriniacum », on a lu par erreur « Partiniacum » … Conclusion, le terme doit être traduit par Périgné (près de Matha, Charente-Maritime) et non Parthenay ! Mais le premier ouvrage de Ledain, une véritable somme, continue encore de servir de référence à de nombreux chercheurs… Enfin il y a les interprétations et déformations historiques « volontaires ». Ainsi, le chapelain de Guillaume VII Larchevêque, le trouvère Couldrette, rédige dans les années 1390 « Le livre des Lusignan ». Ce roman, composé de plus de 6.000 vers, met en avant-artificiellement et poétiquement - les liens familiaux qui unissent les Archevêque et les Lusignan, et par conséquent le prestigieux lignage des seigneurs parthenaisiens avec la fée Mélusine… Comme quoi, l’histoire peut-être manipulée d’un simple coup de baguette magique !

Laurent Fleuret

 



Article relevé dans la Nouvelle République du 13 mai 2004.



24/08/2012
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