L'inventaire de Chatillon sur Thouet (1906)
Vaincre ou mourir pour Dieu !
En 1906, dans le cadre de la loi de séparation des églises et de l’état, il est prévu de réaliser des inventaires de chaque église ou temple. Le bocage catholique va réagir vigoureusement.
Ils veulent même fouiller les tabernacles ! C’est peu dire que la circulaire du ministère des Finances provoque l’inquiétude des catholiques, qui attendent avec impatience que le pape s’exprime sur cette loi de séparation des églises et de l’état.
Une encyclique de Pie X, le 11 février 1906, leur apporte enfin une réponse. Clairement, le pape condamne le principe de séparation, vu comme un bouleversement de l’ordre sagement établi par Dieu dans le monde. Pour les fidèles, le message papal se résume à un mot : Résistance !
Dans les Deux Sèvres, cet esprit de résistance est déjà en action car les opérations des inventaires ont débuté depuis le 23 janvier 1906. Dans la plupart des cantons les représentants de l’évêché où les curés se contentent de remettre une lettre de protestation aux représentants de l’état. Dans le Bocage, certaines communes se soumettent ainsi à cette formalité. C’est le cas de Bressuire, Saint Porchaire, Noirterre, Noirlieu et Chambroutet. Mais ailleurs, la résistance aux inventaires va prendre une forme beaucoup plus virulente ;
Un vent de révolte souffle chez les paroissiens. Tandis que les cloches sonnent le tocsin, des fidèles élèvent des barrages sur les rues et chemins et dressent des barricades pour empêcher l’accès aux églises.
C’est dans cette ambiance insurrectionnelle que l’agent des Domaines, un certain M. Ameteau, va se heurter à des catholiques bien décidés à défendre l’accès à leurs chères églises.
C’est a Châtillon sur Sèvre, l’ancienne capitale de la Vendée Militaire que cet agent du fisc doit subir son premier affront. Face à la détermination des catholiques, il préfère détaler ! Et l’état doit alors sortir la grosse artillerie pour faire appliquer la loi et mener sa première « attaque » d’église, le mercredi 14 février. Les gendarmes ne suffisaient pas. Il est fait appel à deux régiments du 77e R.I de Cholet, qui débarquent aux premières heures du jour !
Dans l’église barricadée, les fidèles sont réunis, toujours plus nombreux, qui arrivent par une porte dérobée et le souterrain reliant le collège à l’église. Ils chante « Nous voulons Dieu » et autres cantiques de circonstance.
Dans cette ambiance survoltée, les prêtres célèbrent la messe, pendant que dehors les gendarmes attendent l’arrivée du sous préfet de Bressuire. Finalement, le voilà. Il cherche à ouvrir les trois portes du sacré-cœur. En vain ! Alors il passe aux sommations :
« Avant d’employer la force, que les bons citoyens se retirent ! »
Mais personne ne bouge. En guise de réponse, le sous préfet n’obtient qu’un chant le Credo, qui résonne dans l’église. Il faudra donc défoncer les lourdes portes de chêne. Les gendarmes arrivent finalement à faire céder la porte latérale. Dans le calme, les fidèles quittent l’église, chantant « La vendéenne » à pleins poumons !
L’inventaire peut alors avoir lieu. Cet formalité durera peu de temps, mais elle est vécue comme une profanation. Le soir, une messe réunira de nouveau la communauté catholique de Châtillon. Et, entourant l’autel, cierges à la main, les hommes jurent de vaincre ou de mourir pour Dieu.
AGIR
Article relevé dans la Nouvelle République du 14 mars 1999.
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