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M. Rangeard un alchimiste "bouillavin" (1990)

 

 Dans les «landes» de Bouillé Loretz, les vendanges ont débuté. Chez Marcel et les autres, le grand mystère du sang de la terre. «Cette année, c’est bon, très bon! Il y a du degré et de la quantité. C’est rare d’avoir les deux ensembles.» Pour Marcel Rangeard, exploitant viticole aux «Landes» de Bouillé Loretz, les vendanges viennent de débuter: «J’ai commencé la récolte du Gamay cette semaine. Mais les vendanges vont s’étaler sur un mois. Le cabernet n’est pas encore mûr…»

Petit exploitant avec 350 hectolitres de production annuelle, Marcel Rangeard fabrique du vin avec des techniques qui datent d’une cinquantaine d’années: «je vendange à la main avec l’aide de voisins qui viennent. On n’est pas une grosse équipe! Parfois aussi, la famille vient donner un coup de main.» Des vendanges simples: «Les repas de fin de vendange, ça ne se fait plus beaucoup. Bien sûr, on mange beaucoup le gâteau et on prend un verre de l’amitié

 

Les grands mystères:

Ensuite, les grappes sont apportées jusqu’ai chai, dans des fûts de bois. Dans la longue pièce sombre, les odeurs douces du moût marquent les mûrs. Ici commence le domaine de l’Alchimiste: la «vinification c’est un mystère. C’est comme la médecine, y’a des règles mais on est jamais complètement sûr du résultat. On s’efforce de faire le mieux possible. Et jusqu’à maintenant, les marchands ne m’ont jamais fait de reproches, bien au contraire

«L’an dernier, c’était une bonne année. Et pour moi cette année ce sera au moins aussi bien. Enfin, il faut pas trop s’avancer. Tant que le vin n’est pas dans les tonneaux…» Le vin de Marcel est stocké dans des fûts de châtaigniers et dans des cuves: «Mieux vaut avoir des cuves quand les années sont sèches car les fûts en bois sèchent eux aussi et il peut y avoir des pertes

Ensuite quand le vin aura terminé sa lente transformation, il sera bon à vendre: «Je travaille surtout avec des grossistes. Je ne vends pas souvent à des particuliers. D’abord je ne suis pas commerçant. Je ne vais jamais aux concours, je n’ai pas posé de pancarte devant chez moi. A bon vin pas d’enseigne dit le proverbe. Non je ne fais jamais de publicité

Marcel Rangeard ne fait de dépenses superflues: «Pour moi ça va bien parce que je suis installé depuis longtemps et que j’approche de la retraite. Alors je peux conserver de vieilles méthodes, un pressoir qui date…Je ne gagne pas une fortune mais ça va. A condition de ne pas faire d’excès.» Par rapport aux éleveurs et aux céréaliers, Marcel se sent solidaire et un peu privilégié. Du moins momentanément:

«Nous aussi on avait des problèmes il y a quelques années quand le vin se vendait moins bien…Et puis la vigne c’est toujours comme ça: une succession de mauvaises années où on ne qu’il faudra tout arrêter et puis tout d’un coup une année exceptionnelle…»

Une année comme 1989 et maintenant 1990.

 

Eric Berbudeau.

 

Article  relevé dans la Nouvelle République du 20 septembre 1990.



22/08/2012
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