Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Première franco-canadienne (Saint Léger de Montbrun 1990)

 

 C’est sur le site de «Champ Paillard» que vient d’être menée une expérience inédite: la vidéo et le micro-ordinateur se sont mis au service des fouilles.

Ce Lavallà n’est pas en Mayennemais au Québec. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter parler Alain et ses camarades, ces cinq garçons qui, début août, ont fait le voyage spécialement à Thouarspour y retrouver Jean Louis Ricard, archéologue, trois de ses amis français, et mener avec eux les fouilles sur le site de «Champ Paillard» à Saint Léger de Montbrun. Elles avaient été entreprises l’an passé au travers d’un programme d’urgence, un véritable plan de sauvetage pour mettre en évidence un site de taille en pierre datant du Moustérien, c'est-à-dire créé entre 80.000 et 40.000 ans avant notre ère!

Image en trois dimensions: Sous l’égide du ministère de la Culture et avec l’autorisation de la DRAC, Jean LouisRicard a pu entreprendre cette année un travail de recherches plus approfondies, un travail qui s’échelonnera normalement sur trois ans, jusqu’en 92. Pour le néophyte ce rigoureux découpage du site –plusieurs carrés adjacents d’un mètre de côté – ne signifie pas grand-chose. L’explication du technicien s’impose:

«A quelques centimètres seulement au-dessous de l’endroit, où passent, ici, régulièrement les socles de charrue, nous avons trouvé des postes de débitage. C'est-à-dire que des hommes y ont fait tailler la pierre. On les distingue nettement et on à même remarqué de par la position d’un poste par rapport aux autres, de par la position des débris, que l’un des hommes était gaucher», raconte Jean Louis Ricard alors qu’avec minutie, balayette en main, ses amis nettoient scrupuleusement chacun de ces mètres carrés délimités. A l’aide de papier millimétré et d’un crayon, ils reproduisent exactement la configuration de chaque poste de débitage. Croquis plat, sans relief, sans dimension explicite et flatteuse pour l’œil.

Avec un système sophistiqué, l’équipe canadienne donne une toute autre valeur à ces fouilles. «C’est ce qu’on appelle la photogrammetrie, explique Alain le responsable canadien avant d’ajouter: en fait, le matériel utilisé est classique avec caméra et micro-ordinateur. En revanche, le logiciel utilisé est original. Il a été conçu à l’université de Laval

Dans un premier temps, l’équipe canadienne photographie un poste de débitage sous deux angles différents de 15 degrés l’un de l’autre. Puis ces deux photos sont mémorisés et à l’aide d’un curseur, les contours de chaque pierre sont dessinés avec une marge d’erreur qui ne dépasse pas un millimètre et mémorisés eux aussi. Enfin, dans un troisième temps, à l’aide d’un jeu de miroirs, en superposant les deux prises de vue on obtient une image en trois dimensions, plus fiables aux professionnels.

A la fin de cette semaine, Alain et ses camarades quitteront «champ Paillard» et Thouars. Probable qu’ils y reviendront l’année prochaine. Probable aussi que leur système vidéo sera encore plus perfectionné –il pourrait glisser par exemple sur une armature de tubes fixes alors que cet été, à chaque prise de vue, il convenait de déplacer le portique. Il n’en reste pas moins que «Champ Paillard» aura vécu, cet été une première mondiale avec ce mariage original mais réussi de l’archéologie et de la mémorisation de l’image en trois dimensions.

 

 

Article relevé dans la Nouvelle République du 7 septembre 1990



17/08/2012
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