Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Boismé : Nuit rouge autour du château (1990)

 

Coup sur coup, jeudi et vendredi, deux fermes du châtelain de Boismé ont eu leurs granges ravagées par les flammes. Suspect…

 

« T’as couché dans ton hangar, cette nuit ? ». Samedi matin, à la ferme de Corbin, à Boismé, la plaisanterie parvenait tout juste à décrocher les sourires sous les bérets. La veille au soir, devant l’immense brasier qui ravageait la grange, pas un n’aurait eu le cœur à rire. Par dizaines, habitants du bourg, agriculteurs venus de toutes les fermes voisines, ils ont assisté prostrés au spectacle désolant d’un hangar bourré de foin – près de deux cents tonnes – qui partait en fumée.

En quelques minutes, Dominique Garnier, 46ans, fermier du châtelain de Clisson, a vu s’évanouir toutes les réserves pour l’hiver, sans compter le matériel agricole entreposé, notamment le vieux tracteur qui marchait toujours pour apporter la nourriture aux bêtes. Rien d’extraordinaire dans un incendie bien de saison, sinon que l’avant-veille, jeudi soir, le même scénario s’est produit chez Michel Talon, fermier au petit clisson, à quelques centaines de mètre à vol d’oiseau, également locataire d’une des nombreuses fermes que compte M. Michel de Beauregard. Sur la commune de Boismé. L’incendie du petit Clisson avait détruit, en pleine nuit, un hangar contenant du foin, situé à proximité des maisons d’habitations.

Le maire très inquiet.

Tard dans la nuit, les sapeurs pompiers de Bressuire ont continué de déblayer le foin en combustion. Harassé par une nuit de veille, Dominique Garnier essaie vainement de comprendre ce qui a pu se passer. Il était pourtant sur qu’à 22 heures, toutes les portes du hangar étaient bien fermées. Quand les premiers témoins sont arrivés, peu après, elles étaient toutes ouvertes. Dominique Garnier et son épouse habitent dans la cité neuve de Boismé, à un kilomètre à peine. Seul un célibataire habite dans le corps de bâtiment, et ce n’est même pas lui qui a donné l’alerte.

Après ce qui s’est passé la veille chez le voisin, chacun ici, sans oser le dire fort, pense à l’acte criminel. Raymond Croisé, le maire de Boismé, présent sur les lieux, est inquiet, très inquiet. D’autant que tout porte à croire que l’accident survenu jeudi soir n’avait rien d’accidentel : « il n’y avait même pas d’installation électrique ni de tracteur dans le hangar », raconte Michel Talon, le fermier du petit clisson.  « C’est tout de même suspect. On dormait tous quand le feu a pris. S’il y avait eu grand vent, on brûlait ». Et puis l’homme redresse son béret d’un geste brusque :

« Ils s’en prennent au propriétaire ou ils s’en prennent à nous ? C’est à se demander. »

Difficile pour les enquêteurs, les gendarmes de Bressuire, d’établir un lien d’entre les deux sinistrés. Aucun indice ne permet de déceler les origines des feux. Reste que le doute persiste, s’agissant de biens appartenant à la même famille. Actuellement en déplacement, Michel de Beauregard, ne sera de retour que demain sur ses terres. Sa mère, Mme veuve Michel de Beauregard, qui réside au château de Clisson à Boismé, s’est rendu samedi matin chez son fermier. Peu après, elle nous déclarait « être très inquiète et tracassée ». « Je ne vois pas ce qu’on a pu faire » interroge-elle avant d’avancer l’idée d’un pyromane.

Finalement ? la boutade risque d’avoir été entendue. Ce week-end, ils étaient surement plus nombreux qu’on ne le pense à roupiller dans le foin, à Boismé.

                                                                                                                Jean Rouzies

 

Article relevé dans la Nouvelle République du 17 septembre 1990.



30/11/2012
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