Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Histoire d’un fleuve perdu (Poitou 2004)

 

Bien avant que l’homme n’invente l’hameçon, un fleuve de 2km de large coulait en Thouarsais. Bien avant l’invention de la politique, des crocodiles s’y trempaient avec délice.

Inouï, le fleuve qui baignait le Poitou il y a 50 millions d’années, n’a été découvert qu’en 1994 ! On doit cela à Gaston Godard, éminent géologue, Vendéen de souche et professeur à Paris VII; Une évocation de ce majestueux-pour ne pas dire monstrueux -flot occupe la salle d’exposition des écuries du château à Thouars. En ce temps là, bien avant l’homme et bien après les dinosaures, le fleuves venu de l’est (peut-être le Massif central) coulait ver la mer. Large de 1à 2 km, il filait paisiblement sur un sol relativement plat où l’eau pouvait prendre ses aises.
Visitant le
Poitou et le bocage Vendéen, l’Ypresis (c’est son nom) s’unissait à l’océan dans un gigantesque et paresseux delta qui s’assoupissait entre Savenay (Loire Atlantique) et Challans (Vendée) . Le climat incitait à la sieste: 25°C, n’eut été les pluies tropicales et capricieuses trop agaçantes pour les premiers mammifères (nos lointains parents) et tellement goûtées par les crocodiles. Car ces lézards aux grandes dents foisonnaient sous le couvert de la mangrove, dans l’ombre légère des palétuviers. La belle vie.
Beau temps chaud et humide:
Ce géant roulant ses eaux a laissé quelques traces dans le paysage. Ce n’est pas tellement quelques vestiges de vallée (entre
Chambretaud et Saint Michel-Mont Mercure par exemple) qui ont intrigué Gaston Godard, mais bien plutôt les immenses tâches de graviers laissées par l’Yprésis du côté de la Vendée. Or d’autres gisements de la même nature ont été trouvés plus en amont en Poitou, du côté de Faye l’Abesse et Chiché ; et plus loin dans le cœur des terres, en Brennes. Pas de coquilles découvertes là (elles furent broyées dans le lit du fleuve) mais des morceaux de palmiers fossilisés du côté de Faye-l’Abesse notamment. De cailloux en sable, l’empreinte du fleuve gigantesque fut retrouvée.
La vie préhistorique s’écoulait sans heurt quand, soudain, les
Pyrénées se décidèrent à sortir. Sous l’effet de la poussée, entre des failles vieilles comme le nombre ou presque (du côté de Pouzauges et Bressuire) un relief apparut. Cette gâtine et ces monts vendéens tout neufs barrèrent la route aux eaux paisibles et énormes. Le fleuves se scinda en plusieurs courants qui furent ensuite baptisés Thouet, SèvreNantaise et Niortaise, Loire.



P.L’excellent.

 

Article et photographie relevés dans la Nouvelle République du 18 avril 2004.



18/08/2012
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