Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Les vieux canons de Thouars (1806)

 

Avant la révolution, Thouars possédait une petite artillerie, qui se composait de quatre canons. Quel fut leur sort ? Furent-ils emportés par les chouans ? Une autorité quelconque en demanda t-elle la remise ? Nous ne le saurons sans doute jamais ce qui du reste n’a aucune importance.

Mais ce que nous savons, c’est que ces quatre canons se trouvaient en 1806 à l’arsenal de Nantes.

La nouvelle en parvint aux thouarsais cette année là et elle fit naître l’envie de les récupérer, afin de manifester le plus bruyamment la joie qui débordait des cœurs, conséquence des bienfaits dont inondait le pays Napoléon, le grand empereur des français et roi d’Italie.

Obéissant à la pression publique, le maire de l’époque, le citoyen Richou, convoqua son conseil pour délibérer sur cette grave question d’artillerie.

La certitude que les canons étaient à l’arsenal de Nantes était acquise par une correspondance échangée entre le maire et les autorités détentrices du précieux dépôt.

Le procès-verbal de cette séance est typique et bien de l’époque. Nous en extrayons le passage suivant qui résume toute la séance:

«Un membre a demandé la parole et a dit:

Jamais, Messieurs, le besoin d’artillerie, interprète innocent de la joie du peuple, ne s’est fait sentir autant qu’aujourd’hui. L’enthousiasme de l’allégresse générale qu’inspirent à tous les français les travaux et les succès miraculeux de notre empereur, éprouve dans notre commune, où elle est au plus haut degré, une contraction douloureuse par le défaut humiliant des moyens de la manifester au gré de nos désirs.

Tous nos habitants s’en affligent depuis longtemps et si M. le Maire réussit à nous obtenir la remise de nos anciens canons, toute la ville lui en aura obligation.

L’appui de M. le préfet dans cette circonstance et la considération que ces canons ne sont pas propres au service militaire, nous donnent les grandes espérances de réussir.

Je propose d’arrêter que M. le Maire est autorisé à présenter à son excellence Monseigneur le Ministre de la guerre, une pétition tendant à obtenir l’extraction des canons dont il s’agit de l’arsenal de Nantes. Où ils sont déposés, et leur restitution à notre commune.»

L’orateur fut fortement applaudi et son vœu adopté à l’unanimité.

Il est probable que les fameux canons ne vinrent jamais guérir la «douloureuse contraction» des thouarsais l’histoire locale est muette sur ce point.»

 

A.Bailly.

 

Article relevé dans la France de Bordeaux….  de  1928



19/08/2012
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