Louis Guillot, de Mazière à Waterloo (Mazière en Gâtine, 1894)
Cet été, Olivier Goudeau professeur d’histoire à Niort, ouvre de nouveau les archives criminelles dans les Deux Sèvres pour la « N.R. », avec pour thématique les crimes de la belle époque. Dans la nuit du 4 au 5 août 1895, un crime d’une incroyable sauvagerie est commis à la petite soultière dans la commune de Mazière en Gâtine.
Dix septembre 1894, Louis Guillot sourit. A 21 ans, il vient peut-être de réaliser son plus beau coup. Lui, le natif de Jaulnay dans l’Indre et Loire, est parvenu à se jouer de ses gardes. L’exploit est de taille car le 7e régiment de hussards de Niort ne plaisante pas avec la discipline. Le mois de prison dont il vient d’écoper pour vol pendant son service militaire est là pour l’attester. Le voilà donc libre. Libre mais déserteur. Sa situation est donc périlleuse. Il risque à tout moment de se faire arrêter et de retourner pour longtemps là d’où il vient. Guillot décide de quitter le niortais. Il prend la direction de la Gâtine. A Champdeniers, Saint Marc la Lande et Mazières, il se fait embaucher chez des fermiers. Il présente pour cela de faux papiers à ses patrons. Onze mois plus tard, le 2 août 1895, les gendarmes de Mazières débarquent chez le patron de Guillot. Ils demandent à rencontrer le jeune homme. Le déserteur présente son carnet militaire. En fait il s’agit de celui d’un sous-officier qu’il a dépouillé avant de s’évader. Les gendarmes sont sceptiques. Le livret est gratté et modifié en plusieurs endroits. Debout devant les hommes de loi, le déserteur sent l’étau se resserrer autour de lui. Son calme et sa bonne foi apparente sèment le trouble dans les esprits des gendarmes. Ils prennent le carnet et laissent guillot libre. L’erreur est fatale. Les conséquences vont être terribles.
S’enfuir vers la Belgique:
Après une telle frayeur, le jeune homme comprend qu’il ne peut rester à Mazières. Il faut qu’il quitte la région et même le pays. En quelques heures, il échafaude son plan. Il prévoit de gagner la Belgique via Paris. Seulement un tel voyage coûte cher. Il lui faut de l’argent et vite. Il se souvient alors des paroles de certains villageois de Mazières. Ces derniers plaisantaient volontiers sur les richesses d’une veuve de 77 ans, nommée Moindron, qui vivait à la Petite Soultière. Son plan est tout trouvé.
Le soir même Guillot quitte la ferme et s’installe dans le fenil de la vieille femme. Il passe la journée dans sa cachette. Dans la nuit, il monte sur le toit et tente de pénétrer dans la maison de la veuve par la cheminée. Seulement le conduit est trop étroit. Il renonce. Le jour suivant, il se présente au domicile de la vieille femme qui lui offre le repas. A table, il repère les lieux. A cours de la nuit, après avoir forcé les volets et cassé un carreau, Guillot pénètre dans la chambre de la dame. L’impensable commence. Le lendemain, des voisins inquiets forcent la porte de la veuve.
Ils l’a retrouvent pendue à une échelle menant au grenier. La maison a été fouillée. Guillot est parti avec plusieurs milliers de francs. Il en reste autant dans la maison. Vendu par les empreintes de ses chaussures laissées dans les environs de la maison et par le témoignage de plusieurs habitants l’ayant vu dans le fenil de la veuve, le déserteur est arrêté à Waterloo par les autorités belges.
Le 12 décembre 1895, la Cour d’assises des Deux Sèvres le condamne aux travaux forcés à perpétuité après qu’il a reconnu l’ensemble des faits.
Article relevé dans la Nouvelle République du 29 juillet 2004.
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