Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Un tanneur à la peau dure (Parthenay)

 

Louis Aiguillon aurait pu mener tout son parcours dans la peau d’un maître tanneur. Mais il a préféré embrasser la carrière politique. Bien lui en a pris !

Issu d’une vieille famille républicaine, Louis Aiguillon naît le 14 octobre 1851 dans un environnement qui cultive bien des paradoxes. Lingère, sa mère est fervente catholique. Tailleur d’habits et… libre penseur, son père est aussi propriétaire d’un cabaret dans le Sépulcre. Très tôt, le petit Louis décide d’exercer le même métier que son grand père maternel. Après son tour de France, il s’installe à son compte dès l’âge de 30ans comme maître tanneur dans le quartier Saint Paul, en 1881. L’atelier de Louis Aiguillon comptera jusqu’à une trentaine d’ouvriers.

Son cœur est à Saint Paul mais son ambition est ailleurs. Ainsi, il délaisse peu à peu son atelier, s’installe rue Alsace-Lorraine  pour se lancer dans la politique. Radical socialiste et anti-conservateur, très connu pour son anticléricalisme, Louis Aiguillon restera maire de Parthenay  de 1898 à 1913 puis de 1919 à 1928. Egalement conseiller général du canton de Parthenay entre 1919 et 1928, sa carrière atteint des sommets lorsqu’il est désigné sénateur en 1903. Après avoir porté la politique parthenaisienne à bout de bras pendant des années, il s’éteint le 5 mai 1928 dans sa 77e année.

Hommage vibrant d’Armand Samoyault.

Il laisse à ses successeurs d’importants dossiers en cours tels que l’agrandissement de la gare des voyageurs, le goudronnage de l’avenue de la gare, la suppression  de l’octroi après plusieurs siècles d’existence, ou encore la demande de réinstallation du tribunal civil supprimé après la réforme judiciaire de 1926.

La population et les édiles lui sont très reconnaissants. L’hommage vibrant rendu par Armand Samoyault, adjoint, lors de la séance solennelle du conseil municipal du 23 mai 1928 en témoigne :

« Dans cette salle […] il siégeait avec tant d’autorité et d’aménité […], il était pour nous un drapeau vivant autour duquel nous nous ralliions pour la défense de la cité. »

Au cours de cette même séance, les élus décident de débaptiser un axe majeur du centre-ville qu’il chérissait tant. La grande rue prend le nom de Louis Aiguillon «afin de manifester toute la gratitude  pour son dévouement à la cause publique. »

Le 17 juin 1928, Armand Samoyault devient le nouveau maire de Parthenay. Le 12 novembre 1928, il décide de lancer une souscription publique pour l’érection d’un monument sur la tombe de Louis Aiguillon. Un ancien tanneur qui s’est toujours bien senti dans sa peau d’homme politique…

 

                                                                                       Laurent Fleuret

 

Article relevé dans la Nouvelle République du 16 février 2006.



31/08/2012
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