Hommage à un doyen de la grande guerre (Argenton-Château,1988)
A la veille du soixante dixième anniversaires de l’armistice du 11 novembre, Jacques Méresse, d’Argenton-Château, aviateur en 1917 se souvient.
Après avoir traversé bien des régions hostiles, Jacques Méresse s’est retiré « cité du bon accueil» à Argenton-Château où, avec sa femme et son griffon vendéen, il coule des jours paisibles.
Dans sa petite maison du village retraite, le maître des lieux a planté son décor : sur l’armoire, deux obus encadrent le vieux casque noirci de 14-18 ; au mur, des gravures évoquent la vie des poilus dans les tranchées ; ici et là, des portraits d’hommes célèbres du début du siècle dont le maréchal Pétain pour qui Jacques Méresse garde une profonde admiration.
Une armée de soldats de plomb a envahi une étagère et juste au-dessus, les miniatures colorées de la garde républicaine semblent veiller sur les nombreuses médailles et les insignes militaires du maréchal des logis chef Jacques Méresse.
Ses médailles, l’ancien de 14-18 ne les épingle pour les cérémonies commémoratives, pourtant il s’attarde volontiers sur l’une d’elles, celle qu’on lui a remis après la guerre de 39-45 pour avoir secouru des blessés sous les décombres de Paris bombardé « celle-ci c’est la médaille symbole de vie », souligne-t-il.
Jacques Mérresse n’entretient pas le culte du héros et avoue modestement : « J’ai fait ce qu’on m’a demandé de faire. Je suis allé là où je devais aller sans bravoure ni héroïsme. »
Affecté en 1917 dans l’aviation, il fut mécanicien mitrailleur dans une escadrille de bombardement de nuit.
« Les avions de l’époque, des Voisin moteur 300 Renault, avec hélice à l’arrière, emportaient deux ou trois passagers qui n’avaient pour tout tableau de bord qu’une boussole et un indicateur de pente.
Les cours d’eau, les voies ferrées et les agglomération étaient de précieux repères pour retrouver la piste d’atterrissage », explique l’ancien aviateur.
Sur un livret religieusement conservé, il montre la longue liste de ceux qui ne sont pas revenus de ces raids nocturnes, victimes d’incidents mécaniques, de tirs de la D.C.A. ou d’avions de chasse ennemis. Silence…
A quatre vingt dix ans, Jacques Méresse qui à survécu à deux guerres et deux infarctus croit profondément en sa bonne étoile et malgré son horreur de la guerre, ne cache pas sa fierté d’avoir défendu son pays.
Vendredi, place de la libération à Argenton-Château, il sera le dernier de la Grande Guerre à assister à la commémoration du soixante-dixième anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918.
Article relevé dans la Nouvelle République du 9 novembre 1988
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