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Depuis la fermeture du musée des travaux importants sont réalisés au Donjon pour accueillir les collections de l’ancien hôtel de ville.

Le musée du pilori contenait des merveilles offertes au public dans une présentation peu attrayante. Depuis la fermeture de ce musée, le Donjon se prépare à recevoir une bonne partie de ses collections dans ses salles basses du rez-de-chaussée. Les travaux sont déjà bien avancés et la salle centrale devrait ouvrir ses portes dès cet été. Elle accueillera les pièces gauloises, gallo-romaines et mérovingiennes, 101 ans après l’ouverture du musée du pilori.

Montrer autrement :
Le souci d’une organisation plus intelligente a conduit à une répartition des collections selon l’ordre chronologique : la salle la plus basse présentera les vestiges de la préhistoire, la salle la plus haute le moyen âge et la salle centrale la période allant des gaulois aux carolingiens. Dans cette dernière, un moniteur de télévision présentera des films ou montages liés à l’exposition. Plusieurs autres détails feront de ses salles un lieu privilégié pour recevoir le grand public, y compris les scolaires. Christian Gendron, conservateur des musées de Niort, souhaiterait même équiper les salles basses pour permettre l’audio guidage des visiteurs : casques sur la tête, ils pourraient ainsi suivre un commentaire tout en déambulant à leur rythme devant les nouvelles victimes.

Des pièces rares :
La nouvelle présentation sera pour tous une occasion de redécouvrir les trésors du pilori et d’apprécier d’autres pièces jamais exposées jusqu’alors. Par exemple, une série de ferrailles gauloises et gallo-romaines vient juste d’être restaurée par le laboratoire de Compiègne : à partir de tas de rouille, des épées, leurs chaînes, retrouvèrent une nouvelle vie. Plusieurs objets en bronze, bijoux, monnaies, venant du site du pain perdu près du restaurant « Le pavillon bleu », sont présentés ainsi qu’un chapiteau épannelé, autrement dit juste ébauché, placé sur une petite colonne de pierre pour lui redonner sa valeur originelle.
Autre grosse pièces, deux bornes militaires indiquent aux visiteurs la distance entre elles et la capitale des pictons, puis celle les séparant de la frontière de la cité. La roue en bronze de Coulon, le collier en or de Saint Laurs, la stèle d’Usseau, sont autant de curiosités en prise directe avec notre histoire. Plus gaulois, une petite sculpture présente des pictons en proie à des élans libidineux. De belles verreries gallo-romaines sont exposées, en particulier celles découvertes dans le sarcophage qui trône sur la pelouse du magasin « foire-fouille » à Bessines. Des perles d’ambre de la Baltique sont des souvenirs des tombes du prieuré Saint Martin, actuellement remplacé par le foyer de la recouvrance. Bref, en longeant les vitrines, toute l’histoire de notre département refait surface par l’intermédiaire de ces objets anciens, revenus à la vie sous les projecteurs de l’animation muséographie.
Et les prisons…
Outre les pièces intéressantes qui seront présentées, l’ouverture progressive des salles basses permettra aussi au public de (re) découvrir la partie la plus ancienne du Donjon, édifiée au XIIe siècle. Dans ces salles du rez-de-chaussée, les voûtes à système losangique sont plus récentes : à la suite d’un effondrement, elles furent rénovées de 1751-52. Dés la construction du Donjon, ces salles constituèrent des prisons susceptibles d’accueillir toutes les personnes que le sens de notre histoire locale plaçait du mauvais côté.
En fait, l’arrivée des nouvelles collections et l’ouverture des salles basses donnera au Donjon une autre dimension : celle du plus intéressant musée historique des Deux Sèvres. Une dimension qui pourrait bien augmenter encore le nombre de visiteurs déjà important (plus de 20.000 chaque année), et conférer à Niort un « plus » touristique.

Eric Berbudeau

Article relevé dans la Nouvelle République du 19. avril.1988.