Archives & Dossiers du Poitou-Charentes

Nous avons donné ici, récemment, copie de quelques actes d’abjuration. Nous en avons un nouveau sous les yeux, qui concernent trois niortais en fuite et de passage à Thouars pour rejoindre Saumur d’abord la mer ensuite et en dernier lieu l’Angleterre.

Voici les passages essentiels de cette triple abjuration:

«Aujourd’hui 8^e du mois de décembre 1684, fête de la conception de la vierge, mère de Dieu, ont comparu, à issue des vêpres en l’église paroissiale de Saint Médard de cette ville de Thouars, diocèse de Poitiers, le peuple encore assemblé icelle (?) par devant nous Père Bouillaud, prêtre bachelier en théologie, prieur de Saint Martin de la Pommeraye sur Sèvre, recteur-curé de la dite paroisse de Saint Médard, assisté des prêtres de notre compagnie en la dite église…

Marie Grand, native de la paroisse de Chevreuse, au diocèse de Poitiers, femme de Pierre Masson, faiseur de matelas et serger, demeurant du présents à Gascougnolles, paroisse de Vouillé, Près son, âgée de trente ans, et Jean Masson, son fils âge de onze ans et du dit Pierre Masson, son mari et Renée Dupois, native de la dite paroisse de Chevreuse, âgée de vingt deux ans fille de défunt Jean Dupois, laboureur et de Catherine Massé-Tinand, conjoints demeurant à la dite paroisse de Chevreuse et la dite Dupois au dit village de Gascougnolle, paroisse du dit Vouillé.

Lesquels nous ont dit et déclaré qu’étant nés dans la religion prétendue réformée, dont ils ont fait profession jusqu’à ce jour, ils ont été sollicités par plusieurs fois par les personnes de la même secte qui ont depuis trois ans en ça passé en Angleterre et les y aller trouver pour y établir comme eux leur demeure, que s’étant rendus à leurs persuasions et lettres, ils étaient depuis quelques jours en ça, partis de leurs demeures pour se rendre dans la ville de Saumur, à dessein de descendre par bateaux sur la rivière de la Loire jusqu’à Nantes, afin de s’embarquer sur mer pour passer en le dit royaume d’Angleterre persuadés par un faux zèle de religion prétendue qu’il se voient assurés par l’exemple leurs frères, qui y professent la même prétendue religion réformée, qui sont en très grand nombre à persévérer en icelle. Qu’ayant été rencontrés sur le chemin de Niort en cette ville de Thouars qui est celui dudit Saumur, par Pierre Moreau, maître cordonnier en ladite ville de Niort qui allait à Saumur pour ses affaires particulières, s’étant connus les uns et les autres, le dit Moreau les ayant enquis ou ils allaient, après leur avoir dissimulé le sujet de leur voyage, lui auraient enfin tombé d’accord de leurs desseins, et au contraire leur ayant proposé de se convertir à la fois et religion catholique, apostolique et romaine, comme il a fait lui-même depuis trois ans en ça, se seraient laissés persuader de suivre son exemple et du fait étant venus loger ensemble en cette ville de Thouars, en l’hôtellerie où pend pour enseigne la fleurs de lys se seraient fait conduire en notre hostel et nous auraient témoigné leur désir d’abjurer l’hérésie pour professé désormais la foi catholique, apostolique et romaine, sans nous marquer autre intérêt que celui de leur salut.

A quoi ayant incliné, après avoir pris sur ce l’avis de personnes de considération et de probité les avons fait procéder à la dite abjuration en face de l’église, en la forme et manière qui suit:

Nous, Marie Grand,Jean Masson et Renée Dubois, reconnaissons et confessons d’un cœur humble et repentant devant la très sainte trinité et toute la Cour céleste et tous qui êtes ici présents témoins, que nous avons gravement pêché en adhérant aux hérétiques et croyant leurs erreurs et hérésies et particulièrement celle de Calvin, etc.»

Nous faisons grâce à nos lecteurs de la suite de l’acte, qui est dans le même style que les présents publiés par la France.

André Billy

Article relevé dans la France de Bordeaux...,année 1928